Le projet de vie de l’enfant sourd ou malentendant

Parmi les personnes sourdes ou malentendantes, certaines utilisent principalement la langue française orale, d’autres essentiellement la Langue des Signes Française (LSF), d’autres encore passent par l’écrit. Dans tous les cas, communiquer est un vrai projet.

Chaque personne sourde ou malentendante est différente, si bien que l’on ne peut proposer un seul projet de communication pour chacune. Pour une personne donnée, un projet de communication en langue des signes française peut s’avérer plus pertinent qu’un choix de communication orale, et inversement. Selon nous, il est donc nécessaire pour le professionnel de la surdité de se positionner et de se spécialiser au sein des différents projets de communication possibles, afin de pouvoir faire des propositions précises aux parents et aux enfants.

Lopica a donc fait le choix d’un accompagnement correspondant le mieux possible à un projet de communication oraliste, en langue française parlée et écrite. Ce choix de la langue française orale comme moyen d’échange facilite l’intégration professionnelle et sociale des personnes sourdes ou malentendantes.

Cependant, les parents sont libres de choisir le projet de communication de leur enfant. C’est pourquoi nous souhaitons leur donner ici les clés nécessaires pour comprendre le cadre général d’un projet de communication et choisir celui qui leur convient le mieux.

Le projet de vie de l’enfant

Ce schéma indique les différents types de communication, de scolarité et d’accompagnement que les parents peuvent choisir pour leur enfant.

Les differents choix possibles

Diagnostic

Le diagnostic de la surdité s’établit à partir d’un audiogramme pratiqué par un médecin ORL. Il définit le type et le niveau de surdité. Depuis 2015 un dépistage précoce de la surdité est effectué dès la maternité.
L’âge de l’enfant lors du diagnostic peut donc varier, mais reste une donnée importante.

Décision d'appareillageDifférents types d’appareillage vous seront proposés en fonction du diagnostic. Ensuite, des réglages réguliers des appareils seront réalisés par l’audioprothésiste, en lien avec le médecin ORL.

Le choix de l’appareillage n’a pas de conséquence sur la faisabilité des interventions des professionnels de la surdité par la suite, quel que soit l’environnement choisi.
Quel qu’il soit, vous avez le choix entre deux environnements :

t1.3 Acc par pro en libéralC’est vous qui construisez l’équipe présente autour de votre enfant. Cette équipe comprend très souvent, en plus de l’ORL et de l’audioprothésiste, un orthophoniste spécialisé en surdité. Ce dernier professionnel deviendra rapidement un référent pour vous et votre enfant.

Etabl med social

L’établissement propose un ou plusieurs projets de communication, portés par une équipe pluridisciplinaire qui encadre l’enfant sourd. Il est nécessaire de se renseigner sur ce ou ces projet(s) de communication au préalable. La LfPC n’y est pas toujours incluse.

t2.1 Proj comm

Quel que soit votre choix d’environnement, vous devrez ensuite choisir le projet de communication que vous souhaitez mettre en place avec votre enfant. Vous devrez principalement choisir entre le français oral et la langue des signes. Rappelons que ce projet est le vôtre ; le choix de la langue qui sera utilisée par votre enfant vous appartient.

Ce projet de communication s’inscrit dans le projet de vie de votre enfant que vous devrez détailler à la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées).

t2.2 Oral seul

L’enfant est scolarisé en milieu scolaire ordinaire, sans Projet Personnel de Scolarité (PPS). Il sera le seul enfant sourd de sa classe et ne pourra profiter d’aucun accompagnement spécifique. Ce choix part du principe que les performances de son appareillage suffiront à pallier ses difficultés de réception, ce qui est faux. Il est cependant possible d’envisager l’oral seul dans le cadre d’un PPS demandé par des parents qui refusent l’utilisation de signaux visuels, et de toute communication gestuelle pour leur enfant. Celui-ci suit alors une scolarité en milieu ordinaire ou spécialisée selon le choix des parents. Cependant, très souvent, les difficultés de l’enfant s’accumulent et sa maîtrise de la langue française est lacunaire.

t2.3 Fr oral + LPC

La langue de l’enfant reste le français parlé. Pour les parents, la LfPC s’apprend très facilement : deux jours de formation permettent au parent de coder à son enfant au quotidien. La technique se perfectionne ensuite avec le temps et la pratique. L’enfant est scolarisé en milieu ordinaire, en école de quartier ou dans l’école choisie par les parents. Il est accompagné en classe par un codeur LfPC, en général entre 3 et 10h par semaine, qui reprend le discours de l’enseignant avec le code LfPC. Comme il accompagne la lecture labiale, il permet aussi à l’enfant de bien l’acquérir et la maîtriser. De plus, il offre, avec la proximité d’un personnel éducatif spécialisé en surdité, un moyen de mieux suivre les progrès et difficultés de l’enfant, et donc une plus grande réactivité. En grandissant, le jeune sourd aura accès à plus de débouchés, grâce à sa connaissance de la langue française orale, qui lui permettra de communiquer avec les personnes entendantes.

t2.4 Proj bilingue

Ce projet correspond à utiliser principalement la Langue des Signes Française (LSF) et la langue française écrite, sans que cela rende impossible l’apprentissage de la langue française orale. Ce choix de communication est le plus souvent mis en place par des établissements médico-sociaux où l’enfant est scolarisé en milieu spécialisé ou ordinaire. Les parents, s’ils ne la connaissent pas, doivent donc apprendre cette nouvelle langue qu’est la LSF, son vocabulaire et sa grammaire, pour pouvoir échanger facilement avec leur enfant.

Nous ne proposons pas ce projet de communication, et n’en sommes donc pas spécialistes. Si vous souhaitez de plus amples informations dessus, nous vous invitons à vous renseigner auprès de l’ANPES (Association nationale de parents d’enfants sourds) ou des associations régionales correspondantes.

t3.1 ScoTout enfant peut être scolarisé à partir de l’âge de 3 ans. Ce droit comprend bien sûr les enfants sourds ou malentendants. Aujourd’hui, une scolarisation réussie est encore un parcours difficile durant lequel les parents devront souvent rappeler leurs droits et ceux de leur enfant.

t3.2 Class annex ULISIl s’agit d’une unité d’enseignement spécialisé, placée au sein d’un établissement ordinaire (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire, qui existe à l’école, au collège et au lycée). Ce système permet d’arriver à une intégration plus poussée que la scolarisation en institut médico-social. Ces classes, parfois dépendantes d’instituts voisins, se composent d’un petit groupe d’enfants sourds ou malentendants, et, selon les besoins des élèves, des temps d’inclusion en classe ordinaire sont possibles.

t3.3 Incl scoContrairement à « l’intégration » scolaire (notamment les classes annexées), « l’inclusion » permet à l’enfant sourd ou malentendant d’être scolarisé en immersion dans une classe d’entendants ordinaire. Cette inclusion peut être mise en place soit par des professionnels en libéral (choisis par les parents) soit par des établissements médico-sociaux, dans une école, publique ou privée. C’est majoritairement dans ce contexte que le codeur LfPC intervient en classe. Il permet d’établir, en plus de l’accompagnement de l’élève sourd, un lien fondamental entre l’équipe enseignante, les professionnels spécialisés et la famille.

t3.4 class spéDans cette situation, la scolarité de l’enfant se déroule au sein d’un établissement médico-social, où tous les professionnels de la surdité sont présents sur place. L’élève sourd y reçoit les enseignements de personnels spécialisés au sein d’une équipe pluridisciplinaire, le plus souvent en Langue des Signes Française. Le projet de communication de l’enfant est alors intégralement pris en charge par l’institut qui pourra proposer à la famille un accompagnement adapté.

t5

Encore au XXIe siècle, répondre aux besoins d’accessibilité de la population sourde et malentendante demeure une tâche complexe et beaucoup de choses restent à faire.

Néanmoins, le code LfPC et l’accès à la langue française orale qu’il propose, ouvrent aujourd’hui la voie à de nombreuses possibilités pour les sourds en termes de débouchés, d’opportunités et de métiers. Ils permettent au jeune sourd d’entrer dans la vie active avec une véritable autonomie qui lui permettra de s’établir dans sa vie d’adulte et de citoyen.